Comme toutes les personnes talentueuses et smart avec lesquelles je travaille, Lucile (vous ne tomberez pas dans ce panneau) s'est soumise de bonne grâce au test "détecteur de talents" StrengthsFinder, un outil développé aux USA à la fin des années 90 et qui se tourne résolument vers la capitalisation intentionnelle sur nos talents naturels dans la vie professionnelle.
Le talent naturel prédominant de Lucile s'appelle Responsabilité.
Tant mieux: Lucile a ce que l'on appelle un gros poste de manager dans ce que l'on appelle une grande entreprise. Son talent lui permet d'être reconnue pour sa conscience professionnelle aigüe, son sens de la parole donnée, son attachement au no excuses, sa capacité à assumer complètement ses erreurs, sa bonne volonté pour prendre de nouvelles ... responsabilités, et j'en passe. Elle excelle dans des environnements où il y a fort à faire, où l'on doit s'engager à 200%, où son action compte, tangiblement, et où chacun, idéalement, fonctionnerait comme elle!
Sauf que Lucile est en surchauffe pour de multiples raisons, entre autres à cause des coups bas de son talent nr 1 Responsabilité:
"J'ai l'impression d'être la variable d'ajustement de tout le monde! Tout le monde sait que je ne supporte pas les non faits, les délais, les petites lâchetés, donc tout le monde m'apporte ses problèmes, et comme la plupart du temps je sais faire, je fais, alors que je ne devrai pas. Je me mets en mode compensation! "
Le piège du Talent Responsabilité se voit dans son nom même, en anglais: Response-ability: si nous sommes bien capable (able) de répondre à la situation X, est-ce pour autant ce qui est attendu de nous, ce qui concourt au bien et l'apprenance du collectif, ce qui apporte la plus grande valeur ajoutée, ce qui préservera notre équilibre aussi? Les gens très pourvus en Responsabilité peuvent facilement glisser vers des sur-attributions du type "tout est sur moi, je suis seul à pouvoir faire ci ou ça, si je rate la boîte rate..."
Du propre aveu de Lucile, après réflexion, agir de telle manière privilégie le court terme et sabote la pérennisation sur le long terme de son action à la tête de son département, c'est à dire le fait que les choses puissent continuer, progresser, même une fois qu'elle sera partie.
Responsabilité a généralement du mal à lâcher prise; je me le représente comme une main fermement fermée sur les rênes d'un cheval. Qu'y aurait il à gagner à desserrer la prise?
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